On aime ça êtres " officials ". Montrer notre peinture, qu'un maximum de gens puisse la voir. C'est trop kiffant d'être là en train de peindre dans la rue, de faire des rencontres, parler avec toutes sortes de gens qui nous reconnaissent, nous encouragent et apprécient ce qu'on fait. Ici (ndlr à Bagnolet), la rue et le quartier sont deads depuis la construction du centre commercial. Les commerces ferment tous, la rue est toute ripou et crado, alors, tous les trois mois, on met de la couleur et les gens aiment ce qu'on fait. On se retrouve même à discuter tranquille avec des keufs qui nous courraient derrières il y a quelques années ! En ce moment on travaille le mur du local des contractuelles de Bagnolet. Tous les jours, on discute, prend des nouvelles, elles nous demandent ce qu'on va faire. On leur répond gentiment. Ça les change, elles se prennent des insultes toute la journée... Parfois, il y a de trop bonnes vibes. Sur notre dernier mur (Les gens naissent... comment déjà ?), Pwoz a peint différents portraits. Un jour, une femme s'arrête et nous branche à propos de ceux de Mumia Abou Djamal et de Malcom X qui la touchait particulièrement. C'était incroyable, elle était la fille de Mr White, un des fondateurs des Black Panthers, et Malcom X, elle l'avait connu à vingt ans ! Ce genre de rencontres, tu ne peux les avoirs qu'en " official ".
Certains purs et durs disent que ce n'est déjà plus dans l'esprit du graff... Ils pensent ce qu'ils veulent, c'est leur droit. La rue reste la rue, vandals ou officials, l'échange en plus, l'adrénaline en moins. Mais à partir du moment où nos objectifs sont de faire des grandes fresques, il n'y a pas 36 000 solutions. Soit un " terrain " tranquille, mais que presque personne ne connaît ; soit " l'official " avec un maximum de gens très différents qui voit notre peinture. Maintenant, ça serait mentir de dire qu'on ne fait plus du tout de vandals. Des potes passent, on se fait une petite sortie pour aller taper un spot sur le périph' ou ailleurs. Là tu retrouves les sensations...
Comment s'organise le travail au sein des Mac ? Pour chaque plan, chaque spot, chaque mur, c'est beaucoup de travail en amont, graphiquement, techniquement, d'esquisses préparatoires mais surtout de gamberge et prises de tête entre nous. Il faut que tous les membres du crew soient d'accord sur ce qu'on va décider de faire. Et ça peut être très long ! Ensuite, on se répartit les tâches, décide de qui va faire quoi en fonction des envies de chacun, de sa façon de travailler qu'il développe dans le moment... On voit ensuite combien de membres du crew vont peindre. Ça peut être deux, trois, quatre, comme tout le crew.
Jamais de remise en cause de dernier moment ? Bien sûr que si. Par exemple l'année dernière, sur le mur Free Tibet à Montreuil, on avait bossé comme des oufs en préparation, recherché des typos tibétaines, tout était calé. La veille d'attaquer le mur, Juan vient me voir et me dit " après tout, le Dalaï Lama on le connaît pas, c'est peut-être une ordure, on fait peut-être une connerie de faire une fresque sur lui "... On a remis ça, réfléchit, discuté. Finalement, pour la fresque, il y a plus le Dalaï Lama pour ce qu'il représente par rapport à l'oppression d'un peuple et de tous les peuples que pour lui personnellement. C'est ce qu'on a voulu dire et faire passer dans notre peinture.
Certains développent des travaux plus personnels, comment vous placez-vous par rapport au groupe ? Le plus important pour chacun de nous c'est le Crew. C'est le crew qui passe avant tout, avant nos plans plus persos. Un crew uni, c'est le secret. Même si chacun développe des travaux plus personnels, des plans ici ou là. Toute la maille qu'on ramasse individuellement, on en reverse une partie au crew. C'est ce qui lui permet, de fonctionner, de faire des projets, d'avancer, d'être uni même si c'est parfois plus facile à dire qu'à faire. Mais on est avant tout, membre des MAC, il faut avoir l'esprit du crew. C'est d'ailleurs ce qu'on demande à ceux qu'on invite au sein du crew. Qu'ils servent le crew avant leurs intérêts persos.
Avec 13 ans de recul, comment s'organise la dynamique des MAC ? Depuis le début, chaque année, on se fixe des objectifs pour avancer tant techniquement que pour la reconnaissance du crew et du graffiti. On s'en donne ensuite les moyens et on se secoue. On a voulu attaquer les grandes fresques, on les a faites. L'année dernière, c'était partir peindre à l'étranger, on est parti en septembre à NYC et là-bas ils ont kiffé notre peinture. On peignait comme des oufs toute la journée. Le crew logeait dans le même appart. Roots : on dormait à même le sol. Les MAC ont été accueillis à bras ouverts par les TATS dans le South Bronx. Ça a été 2 semaines de peintures et d'échanges incroyables. Au début de cette année, à Bagnolet, on a fait le mur " jeux vidéos " avec un crew allemand, les CNS( Seak, Stohead et daddy Cool) et les TS et OC. Tous les trois mois, on continue notre action dans les rues de la ville. Et notre gros chantier pour les mois qui viennent, c'est la Courneuve et la démolition de la cité des 4000. On va avoir des murs de oufs à peindre. Ça va durer 4 ans. Un conseil à tous ceux qui se lancent dans le graff... Si tu veux peindre, peints ! Peints toute la journée. Trouves ton style, tes spots, tes vibes. Faut se la donner à fond , fais toi plaisir. La même chose si tu veux faire de la musique ou de la comptabilité.
Dédicaces... Dédicace à tous les acharnés...
Réponses de kongo et huan
Mort Aux Cons Ville: Montreuil ( 93) et Paris Membres: Alex, Juan, Kongo, Lazoo, Orus, Peej, Pwoz, Psy, Popof, Creez, Ragtime et Gandi.
Tiré de www.90bpm.com
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