Tes débuts?

J'ai commencé par écouter de la musique sur radio 7 entre autres (de la funk, soul, dst, flach et melle mel, kraftwerk puis j'ai breaké. Comme je dessinais depuis toujours, je me suis mis à dessiner des petits B-boys et des lettres. Avec les potes, qui eux faisaient des dessins ou des pochoirs, on a commencé à poser des trucs dans la rue et sur les lignes en 1984. GAWKI et moi étions les 2 du groupe à être les plus passionnés par le writing ,alors on a fondé le groupe FBI en 1985, très vite rejoint par SCALE et CROY 2 . On cherchait à peindre avec d'autres, donc on voulait trouver d'autres gens en dehors du groupe, qui faisaient ça et écoutaient cette musique, qui faisaient partie de ce mouvement appelé HIP-HOP. Alors on a trouvé les palissades, qui se trouvaient autour du chantier de la pyramide du Louvre, sur lesquelles des étudiants en art avaient peint mais sur lesquelles surtout il y avait de plus en plus de graffs, (par: ash, jay, skki, des BBC, bando, colt, scam, un ricain, scipion, lokiss,irus, blitz /force alpha) et les berges de la Seine. A force de communiquer par messages écrits au marqueur et par tag, on a rencontré les BBC et ils nous ont parlé de Stalingrad et de là, on a découvert la Chapelle: on y a peint un peu, car nous n'avions pas assez de bombes pour faire des grands murs et on préférait peindre de nuit.

Beaucoup, en France, te considère comme allemand pourtant tu as commencé en France et tu y résides; y a- t- il une explication?

Quand tu n'as pas la nationalité française et bien, tu n'es pas considéré comme français, même si tu y est né. Des fois, on peut même être français sans être considéré comme tel.

Le graffiti est il ton boulot à plein temps?

J'ai eu mon premier plan en 86,c'était une enseigne de magasin et comme c'est à ce moment que j'ai eu des problèmes avec la justice, pour graffs, le mec ne voulait pas me payer. Au début, c'était pour les bombes, ensuite pour un peu d'argent de poche, et petit à petit c'est devenu un projet de vie.

Est-ce une solution viable et dans quelle mesure?

Le choix n'est pas toujours simple, mais pour l'instant ça me permet de faire ce que j'aime.

À tes débuts à Paris, comment c'était?

On peignait avec ce qu'on pouvait trouver comme bombes, avec une préférence pour Buntlack, Krylon, pour remplir et Altona ou alac, pour les outlines. C'est surtout à Stalingrad que tout le monde traînait et au Paco Rabane. Il y avait des graffeurs, des b-boys, DEE NASTY aux platines, des mcs, ou futurs mc's tout quoi. Et ça se passait bien. En France, il y a des tagueurs qui taguent uniquement et des graffeurs qui ne taguent pas!

où te situes tu par rapport à ça?

Je gardais mes bombes pour des graffs, car je n'avais pas beaucoup de peinture, les tags c'étaient les fins de bombes, à des endroits chauds, mais j'aime bien le tag comme calligraphie et pour trouver des phases de lettres, donc c'est complémentaire et un bon défouloir, tout comme les through-ups, d'ailleurs. On nous met dans le même sac alors on est dans le même bateau.

Peux-tu nous citer les membres? (par ordre chronologique)

GAWKI et moi puis CHRIS, CROY 2, LOOMIT, SKUM, NEON, DON M ZAZ, CHINTZ, SHARK, SEEN, ZOOM, BOMBER, SHIME, DASH, DAIM certains ne peignent plus et d'autres font leur truc, d'autres encore, ne font pas officiellement partie du groupe mais peignent ou traînent régulièrement avec nous.

Fais-tu partie d¹autres groupes et si oui lesquels?

TFC - UA - IA - MBG - GBF - NE - WSK - P2B - VOP - mais FBI reste mon crew.

En 1987 tu vas à NYC où tu intègres les groupes UA-IA.
Qui t'as fait rentré et pourquoi?

C'est Seen, parce qu'on avait peint et traîné avec lui et zoom pendant quelques temps. Ils n'avaient pas encore vu des trucs étrangers, et ils aimaient notre façon de remplir les lettres et nos grands murs de l'époque.

Quelle a été ta réaction?

J'étais fier, tu crois quoi?

Est-ce qu'il y a des gens qui ont intégré FBI récemment? Quels sont les critères?

Le dernier c'est DAIM, il y a quelques années; il n'y a pas de critères précis, mais je crois que, en dehors du côté humain , l'originalité du style y est pour beaucoup.

Quand on dit «le style», ça évoque quoi pour toi?

C'est la façon personelle et le flow qui caractérisent un writer, ses formes, lignes, angles, courbes, motifs, couleurs, insides, à tous les niveaux.

Le pompage? comment le vois-tu et en es-tu victime?

Tout le monde a pompé à un moment, on a tous été des toys au départ, mais je crois que c'est important de le dire, et non pas d'être fier d'un style qu'on pompe sur d'autres, même s'il s'agit que de quelques détails, comme certains angles, formes ou façons de faire j'en suis "victime", si tu veux, comme plein d'autres, regarde ce qui se fait. Je pense que si ton style n'est qu'un melting-pot de pleins d'autres trucs, cela enlève de sa valeur, il n'est pas très original et donc n'apporte rien de nouveau.
À une certaine période l'Allemagne était représentative du style de Gawki.
Parce-qu'on s'est vite connecté avec les quelques mecs qui peignaient en Allemagne et qu'on y a passé pas mal de temps avec eux, surtout gawki qui est parti en "mission" pendant 7 mois, avec zebster, qui lui, à ce moment là n'avait pas encore peint beaucoup. Selon toi, un graffeur est-il obligé de passer par l'illégale?
Par définition, sinon il ne peut pas forger son style, aura moins de mérite, et n'est donc pas vraiment writer.

Les trains?

Les trains sont un bon délire, un peu nostalgique par rapport au subway de New York, c'est un support très intéressant, la preuve, beaucoup de sociétés ont repris cette idée, en utilisant les trains, trams, bus et taxis , comme support publicitaire, des fois même en tapant des wholecars. Cependant là, ça rentre dans un cadre de business, donc on trouve ça normal. Qu'on m'explique la différence esthétique entre un graff, une image publicitaire ou des "labyrinthes" sur un train quelle énorme hypocrisie, comme d'habitude. J'ai déja vu des usagés applaudirent à l'entrée en gare d'un whole car. En général les gens aiment bien, s'ils ne sont pas bourrés de préjugés, d'ignorance et qu'ils voient les stations par les fenêtres.

En France, il y a des tagueurs qui taguent uniquement et des graffeurs qui ne taguent pas! où te situes tu par rapport à ça?

Je gardais mes bombes pour des graffs, car je n'avais pas beaucoup de peinture, les tags c'étaient les fins de bombes, à des endroits chauds, mais j'aime bien le tag comme calligraphie et pour trouver des phases de lettres, donc c'est complémentaire

Ton premier?

End to end, avec kaya et fun 124.

Ton dernier?

End to end, avec sino, asta, ahcer.

As-tu un message pour la «justice» française?

Tu as bien fait de mettre des guillemets! Le message c'est: "soyez JUSTE!", si c'est possible.

Quel est le graffeur que tu respectes le plus? Pourquoi?

Il n'y en a pas qu'un, il y a plein de writers que je respecte pour différentes choses: leur ancienneté, leur style, leurs "exploits".

Peut-on dire «les voyages forment le graffiti»?

Les voyages, c'est toujours bien, graff ou pas, ça permet de voir autre chose et d'autres mentalités.

Où es tu déja allé?

Aux U.S.A, Afrique du Sud, Australie et quelques pays en Europe.

Où aimerais-tu aller?

Où je pourrai, pour voir ce qui s'y passe.

Maintenant (après tous ces voyages) ta vision du graff a-t-elle changé?

Pas vraiment, mais en tout cas c'est toujours bien de voir des choses différentes, ça ouvre l'esprit et rend plus tolérant; et même si les bases sont les mêmes, les gens, les mentalités, les environnements, les contextes changent. C'est intéressant.

Et celle de la scène parisienne?

Non plus, mais tu t'aperçois que toutes les scènes sont particulières selon la géographie, les mentalités locales et les writers. La scène parisienne est plus chauviniste et violente que d'autres. Cependant, je ne crois pas que ce soit lié à la scène hip hop en particulier, mais plutôt à un état général.

Si tu ne graffais pas, quelle discipline pratiquerais-tu?

Pimpin & posing non, mais peut être beatbox, b-boy, ou mc, je kiffe un peu tout dans le hip hop.
Never stopped never will!