Q : Quand as - tu commencé ton "boulot" ?
R : J'ai commencé en 1989 en taguant et en faisant des morceaux par ci par là, mais rien de très sérieux. A l'époque, j'habitais toujours dans la Banlieue Sud Est de Panam, ou la ligne RER A était totalement bombée. J'ai vu ça en tant qu'observateur, j'avais aussi l'habitude de traîner avec GURU et NOCTUS mais je n'avais jamais pensé que j'etais capable de faire quelque chose de pareil .... Et pourtant c'était comme ça, mais durant la même période, l'idée de commencer pour de vrai commençait à s'approfondir lentement ! En 1995 je savais où aller et cest alors que j'ai décidé de sortir avec ce nouveau nom "O'CLOCK'' avec aussi pour objectif de devenir connu. Gardez ça dans vos esprits, O'CLOCK ... Ça veut dire que je suis là pour rester !
Q : Une raison particulière pourquoi t'as choisi ce nom ?
R : J'avais besoin d'un nom avec une thématique derrière, pas simplement un mot. Croyez le ou non, mais pendant des années je me réveillais la nuit en transpirant, juste parce que j'étais horrifié par le fait que moi aussi un jour je viendrais à mourir, comme les autres. Le compte à rebours a commencé, je n'arrivais pas à me faire à cette idée. Je voulais que les gens se rappellent de moi après ma mort, ce nom sera ma façon de tout contrôler une fois le moment venu!
Comme vous avez pu le remarquer, ça veux pas dire que j'arrive à l'heure à des rendez vous.
Q : On l'a remarqué. Mais alors pourquoi avoir choisi le graffiti, étais tu sûr que c'était le meilleur moyen pour ressortir de la foule ?
R : Le côté illégal du writing fait toute son épice. Qui sait ce que je ferais dans 3 ans ? En ce moment le graffiti est mon éxutoire, alors je bombe. Je faisais mes propres statistiques en relation avec mes stocks de CORIO, avec un marker tu peux faire 50 tags, alors je faits mes 100 tags - 200 tags pour les meilleurs jours, c'est alors que je suis satisfait quand je rentre chez moi et que mes markers sont vides! Même les tags "inutiles" en valent la peine, car eux ils restent plus longtemps. Bomber peut être crado et polluant. Ça me donne la force de vivre et ça permet aussi au nettoyeur de la Comatec de vérifier si leurs produits sont toujours efficaces... En fait je travail pour eux, je suis un chimiste dans leurs labos ... et on va pas se faire arrêter par ses putains de costumes en plastiques!
Q : Que penses tu des soi-disant writers qui penses que ne pas des pièces est cool et taguer c'est de la merde ?!!
R : Qu'ils aillent se faire enculer. Il y plusieurs étapes dans le graff et le tag en est le premier. Les purs taggers comme CLICK, COLORZ, OENO, HAVOC sont ceux qui m'ont impressionnés le plus. Taguer m'a permis d'être connu à Paris parmi les writers mais aussi parmi les gens normaux - c'était *a mon but, maintenant que je l'ais atteint je fait plusieurs choses différentes, mais bomber demeure la chose ou je trouves mes sensations, vandalisant, c'est la ou je prend mon pied, pas en restant 3 heures pour faire un truc propre! Mais je fait pas des tags simplement pour me relâcher, je dessines pas mal avant, cherchant des styles et en essayant d'innover ... je peux mettre 20 tags côte à côte sur le même mur si c'est joli! Un tag c'est pas simplement une signature, c'est quelque chose de vivant et à chaque fois que je tague j'essaie de faire un tag qui colle au support.
Q : Es tu simplement un tagger ?
R : Bien sûr que non, en fait j'ai toujours fait des pièces aussi, mais les gens ont seulement remarqué la masse de tags ... En ce moment je cherche plus de complications, taffant dur sur les couleurs et la typographie de mes peintures. Je fais des murs et des trains, mais comme je l'ai dit avant je n'avais pas sérieusement fait de pièces avant 1995, je n'osais pas faire beaucoup de pièces avant parce que je ne savait pas quel style j'étais capable de faire; le style typique Français du début des 90s est la base de ma culture graffiti, mais je voulais aussi m'ouvrir et essayais de trouver de nouvelles directions.
Q : Alors quel genre préfères-tu ?
R : Je les aime tous quand ils sont bien fait, du style crazy PME a des pièces propres comme ceux de CES, avec des courbes intelligentes, des interconnections logiques et tout ça ...
J'aime aussi TWIST, REVS et aussi les styles de NASCIO, j'aime même les pièces de DAIM ! Je suis impressionné par ses capacités techniques. Dans chaque école de styles je peux trouver quelque choses d'intéressant, mais d'un autre côté, je déteste cette tendance de graffiti simpliste qui sont moches ( ceci étant fait exprès ). A quoi bon faire une pièce en 1999 imitant le style fait à New York durant les années 70 ? J'arrive pas à comprendre un tel retour en arrière; ce que je veux dire c'est que : OK ça peux être drôle une fois juste pour choquer les gens, mais faut pas abusé en le faisant tout le temps, ça, c'est trop facile.
Q : Aimes - tu peindre des murs ?
R : Les murs sont pratiques pour devenir meilleur et pour faire tout ce qui te passes par la tête. Maintenant quand ça vient à un point ou on passe tellement de temps à repasser de nouveau et de nouveau sur le même hall of fame, alors ça c'est pas mon truc. J'aime bien explorer de nouveaux territoires et peindre à différents endroits à chaque fois. J'ai pas assez de temps pour faire des murs en ce moment, peux être quand je serais plus vieux et que je me serait trop fait pechos, j'y penserais. En ce moment je préfère m'activer dans les rues et dans les dépôts de train!
Q : T'as l'air plus intéressé par les trains en ce moment, exact ?
R : ça fait pas longtemps que j'ai commencé, d'abord j'ai commencé avec plusieurs trains cargos et longues distances, et rapidement j'ai plus réalisé ce que c'était : avoir des gens regarder des pièces en train de rouler. Alors depuis, j'ai fait un sacré paquet de pièces sur des trains sur les lignes PSL ( TGV ???? ) mais aussi quelques autres, mais je suis simplement un débutant. J'ai besoin den faire plus pour devenir meilleur : faire des trains c'est pas simple! Dans tous les cas on est en 1999 et on peux toujours se taper des trains ici!
Q : Est ce que tu crois que c'est plus risqué de peindre dans les rues ?
R : Je crois qu'une fois la méthode trouvée pour peindre un train, ça devient alors beaucoup plus facile. Les rues, c'est plus compliqué car y'a tellement de choses imprévisibles qui pourraient arriver : un flic en civil, des taxis bossant pour la police, et même un abruti pourrait essayer de jouer à Superman et vouloir se battre, tu sais jamais, des fois il est dur de s'échapper du filet. Mais j'ai aussi mes propres méthodes pour bomber dans les rues, la plupart du temps je bosse en solo, et aussi l'observation est une clé. Quand j'ai commencé j'avais une carte pour préparer mes attaques quartier par quartier. Les derniers mois je suis plus sortie pour faire des pièces que pour bomber, mais je suis toujours un tagger. J'ai des tonnes d'encres CORIO et JET chez moi alors vous inquiétez pas je serais bientôt de retour!
Q : As -tu essayé le métro Parisien?
R : Quand j'étais enfant j'habitais en banlieue, alors j'étais plus fasciné par les trains RER que le métro. J'en ai fait plusieurs puisque j'habite à Paris maintenant., mais les métros qui ont été peint ne roulent quasiment jamais, alors je suis pas très intéressé de prendre des risques simplement pour arriver à l'autre bout du tunnel, faire ma pièce, prendre ma photo et ensuite être content avec ce que j'ai fait... ça en vaut pas la peine. Les métros demeurent quand même un support fascinant, mais comme je suis pas mal recherché par la RATP en ce moment je prefere garder un profil bas !
Q : Comment est l'atmosphère à Paris en ce moment ?
R : Trop de flics. Je les garde toujours dans mes pensées. J'agis pas du genre " merde, rien à foutre, j'les encule moi" et ensuite j'deviens ouf non! Je sais très bien ce qui pourrait m'arriver si je me faisait pécho, alors je prend simplement mes précautions avant, au cas ou quelque chose arriverait. Mais y'a aussi pas mal de jalousie dans le milieu graff. Je m'en fous car je vois seulement les gens que je connais qui font du graffiti et les gens de mes crews LT27 et 156... mais j'ai toujours la rage en moi malgré moi...Y'a pas mal de gars que je connais pas personnellement qui ne m'aiment pas et qui ne savent même pas pourquoi. J'ai déjà tenté le dialogue mais ça sert à rien, y'a rien à faire et ça vaut même pas la peine d'en parler...
Q : Qu'elle sont tes buts en ce moment ?
R : Je veux essayer beaucoup de choses dans les différents styles, testant de nouveaux 3D, des bubbles et ainsi de suite, sans tomber dans le piège de pomper comme certains font. De nos jours c'est devenus pratique commune et moi je trouve ça honteux...Quand je vais dans un hall of fame et ensuite quand je vois d'autres pièces qui viennent de loin, des fois j'arrive à voir la différence entre l'original et la reproduction... Mon but dans le graffiti n'es pas d'acheter un magazine, pour ensuite recycler les idées et ensuite avoir les couilles pour aller le mettre sur un mur! Je veux que les gens apprécient mes pièces, et de l'autre côté, je veux continuer à rigoler à l'intérieur de moi-même quand j'entend des types se plaindre a propos de mes tags dans les rues ....
Q : Ta vie entière a l'air dévoué au graffiti.....
R : C'est justement ça mon problème. Je peint trop alors j'ais pas assez de temps pour chercher pour de nouvelle idées et être créatif, et ça me fait bien chier. J'ai pas l'impression que je suis en train d'évoluer. J'aimerais pouvoir m'arrêter pour un petit bout de temps pour réfléchir sur le sens de tout ce que je fait, mais maintenant que je suis lancé je peux pas m'arrêter, c'est comme un bobsleigh : je fonce dans des murs, les murs sont des writers jaloux, des flics, et tout ceux qui veulent se cartonner contre moi. La seule vraie conduite étant : tous les différents supports existants attendent simplement leur tour pour se faire prendre en otage, j'ai simplement envie de laissait ma trace! Il y a quelques temps de ça j'ai arrêté de peindre pendant quelques mois ... mais après un certain moment je suis revenus à la source, je peux pas oublier ce qu'il y de plus important à mes yeux : BOMBER
© X-plicit Grafx Volume 2 Issue 2