BABOO - M/CMP/AD
STREET DELUXE : BABOO, ça vient d'où ?
BABOO : Baboo ça vient de ma famille c'est un surnom que je traîne depuis mon enfance .
SD : Les débuts : pourquoi t'as commencé ?
B : A l'époque (88-89) en fait on faisait un peu de tout : on posait, on faisait du break, il y avait déjà Bando, Sign et Boxer retournaient Paris et les Forces Alphabétiques faisaient des putain de fresques, c'est donc eux qui m'ont donné envie de poser bien qu'à l'époque j'étais plutôt feignant et je pensais plutôt à faire de la maille. C'est seulement quelques années plus tard où là j'ai eu envie de vraiment me mettre au taff mais il a fallu attendre 1996 pour que je m'investisse réellement dans le street action. C'est à ce moment que j'ai chopé le virus.
SD : Ca se passait à quelle époque, dans quel quartier ?
B : En fait j'ai intégré le mouvement hip-hop en 1988. A l'époque je posais un peu à l'occase mais j'étais pas un acharné. C'est à cette époque que j'ai donc fait mes premiers tags et ma première pièce sur la ligne du RER C avec les T.D.A. (Sween, Erasm,)
SD : Tu bougeais avec qui au début ?
B : En 1989 j'ai d'abord rencontré Sween avec qui je traînais aux Ulis dans la banlieue sud avec les Atomic-Breakers et le Ravageurs, des groupes aujourd'hui inconnus mais qui à l'époque étaient grave respect puisqu'à ce moment on était pas beaucoup dans le mouvement. On était pas mal dans les sound systems pour se fournir en weed et tous les vendredi on allait chez " Roger boite funk " (aujourd'hui le " Globo ")
SD: A propos des crews: t'es dans quoi exactement ?
B : M (Marav) AD (Action Direct) CMP (Courez Mes Poulets )
SD : C'est quoi la différence entre M et CMP ?
B : J'ai rencontré Daren et Ase en 1994 et il m'ont fait rentrer dans les M, eux à ce moment ne bougeait plus trop avec les CMP et avaient formé une petite section qui se consacrait surtout aux murs couleurs. A l'époque dans le groupe il y avait : Frezea(Kent), Ase, Daren, Share . On s'est donc consacrés aux murs couleurs et aux toiles qui donnèrent lieux à plusieurs expositions puis on a repris contact avec la Cmpfam en 1996 par le biais de Disco avec qui on a décidé de faire de la rue et du terrain avec plan de Paris à l'appui ( pour ceux qui connaissent ). Teck et Cask ont intégré le groupe et en quelques mois les M ont réintégrés les CMP. Aujourd'hui c'est un peu la même chose sauf que du côté des M ça s'est un peu calmé ( pour l'instant ).
SD : Ca te fait kiffer de voir qu'il y a une relève CMP qui s'organise ?
B : Ouais c'est bien de voir que ça continue t'as toujours l'impression que tu es actif quand tu vois un gars de ton crew qui a déroulé. Maintenant il faut que ça dure et que ce ne soit pas un coup comme ça qui dure un ou deux ans, si tu veut laisser un blaze derrière toi il faut vraiment mettre la gomme .
SD : Pourquoi t'as intégré ces groupes-là en particulier ? T'es rentré comment ?
B : Les M c'est vraiment une histoire de potes, on a été dans le même bahut, on a à peu près tous le même âge (autour de la trentaine aujourd'hui ), on faisait quasiment tous de la peinture sur toile et on était des fans de tags. C'est Daren qui m'a fait rentrer dans le groupe. CMP dans le début des années 90 pour ceux qui se rappellent, c'était vraiment une référence en matière de vandalisme. Pour les anciens on hallucinait de voir les style de Smat, Dreo et Dion .Le fat cap, le trait net . Ca a vraiment marqué le coup, à l'époque on ne voyait qu'eux dans la rue. Aujourd'hui encore beaucoup imitent ce style . A.D., c'est né une nuit avec Cask et Daren. En fait AD au départ c'était le petit esquadron rue qui a duré de 96 à 99, puis on a fait rentrer des gars plus jeunes qui ne faisait que du vandale ( Sife, Rio ). Aujourd'hui ça continue dans le sud (06) où Dam à formé ADNice, des mecs qui s'occupe bien de leur petite ville ainsi que des trains transalpins .Cet été on y fait une descente ça va chauffer
SD : Les quartiers où t'as été le plus actif, c'est lesquels ?
B : Paris est : 20ème et 11ème
SD : Moi je te connais surtout en tant que vandale de rue. Tu touches au roulant ?
B : A l'occase mais je suis une vraie feignasse, en général pour moi le roulant c'est les camions en bas de chez moi.
SD : Et les chromes sur les voies ferrées, autoroutes?
B : Non ça c'est pas mon truc mais bon pourquoi pas si l'occasion se présente. Je suis toujours partant pour un plan bien préparé.
SD : Maintenant, t'en es où avec le graffiti ? Tu sors toujours ?
B : Depuis que mon fils est né j'ai plutôt fait des terrains pépères et un ou deux plan légaux pour faire des bombes. Une sortie pour moi aujourd'hui ça demande une organisation carrée.Je ne peux plus faire ça à l'impro sur un coup de tête comme avant.
SD : Avec le recul, c'étaient quoi les meilleurs moments ?
B : Les sorties gueuta avec toute l'équipe, à quatre cinq sur un axe .
SD : Si tu devais faire une dernière session ce soir avec 5 gars, ce serait qui ?
B : Teck, Cask, Daren, Deaner et Dam !
SD : Et vous feriez quoi : l'Arc de Triomphe, le Panthéon, un chrome péper en bas de chez toi, ?
B : Un énorme chrome sur un axe.
SD : Au niveau de la technique et de l'attitude, c'est qui qui t'inspirait au début ?
B : Posh U.R.B. l'ancien celui des années 80 surtout pour les tags.
SD : Les anecdotes. Deux-trois histoires qui t'ont bien fait kiffer.
B : Une fois je me suis fait serrer en train de faire un toit, ils nous ont demandé de descendre. Kent était à plat ventre sur un autre toit à côté, on est descendu car on était coincés . On a fait les blaireaux genre c'est la première fois qu'on faisait un graph , qu'on ne savait pas que c'était interdit et les keufs nous ont relâché on a pas trop compris pourquoi mais en plus ils nous ont rendu les bombes et on a continué à déchirer plus loin. Une autre fois on a fait une sortie sauvage avec Riske Deaner et Daren , on a commencé la rue de Rivoli, il y avait plein de monde. On a avancé jusqu'au boulevard de Sébastopole. On était déchirés, Deaner était déchiré grave, il posait tous les mètres comme si plus personne ne pouvait l'arrêter. Nous on était sûr qu'on allait se faire serrer mais on a traversé Paname comme ça à la barbare sans que personne nous arrête.
SD : Des histoires de toy ?
B : Ca c'est pour le gamins , les ados en mal de sensations, ceux qui veulent se prouver quelquechose. Maintenant les gars qui ont là trente piges qui sont encore dans ces plans c'est des gros nazes.
SD : Au point de vue judiciaire, ça donne quoi le casier de Mr BABOO ?
B : Que dalle ( Courez Mes Poulets ! ) . Avec les M jamais de serrage, on a nargué les keufs pendant 3, 4 ans. Ils nous cherchaient comme des oufs, ils ont même fait des perquisitions chez des gars en pensant que c'était l'un de nous .
SD : T'as des regrets liés au graffiti ?
B : Le seul regret que je pourrais avoir est de ne pas avoir fait beaucoup de sorties en 88-89 et d'avoir attendu que 95 pour bouger mon cul.
SD : Qui tu envierais le plus : le gars qui a fait 400 trains, celui qui a retourné une ville de gueutas, ou le troisième qui fait des fresques à en pleurer tellement elles sont belles ?
B :J'envie personne, mais j'encourage tous les gars qui bougent leur cul dans tous les domaines. Je crache pas sur les mecs qui ne vont que dans les terrains ou sur les gars qui font des trucs crados. Par contre je ne respecte pas ceux qui ne font que parler sans avoir jamais rien fait de concret .
SD : Depuis le début des grands nettoyages dans Paris, c'est quoi les noms que t'as remarqué ?
B : Trane, Moze, Weane, Fling, Sife
SD : Ca a pris jusqu'à quelle part dans ton emploi du temps le vandalisme ?
B : En fait c'est pas fini et je me demande si un jour j'arrêterai, à une époque ça prenait une nuit par semaine ce qui est pas énorme mais cette nuit là on la rentabilisait à fond. En fait on partait avec 6, 7 bombes chacun et on arrêtait quand on avait tout vidé
Dédicaces :
Pour mon fils Abel, Agnes, Teck, Dam (continue), Gary, Deaner, Cask, Seth, Sween(call me), Neasso, Lénie, Seyb, Smat, Tristan, Eksit, La Caution, CMPFAM, Action Direct, ADN, OPC.
R.I.P : J.LEE, Karim
Interview réalisée en juin 2001 pour Street Deluxe |
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